
Blog Photographique
Un milliard de visages
Lorsque je vivais en Inde, à Calcutta, je m'étais lancé un défi: tenter de présenter à travers mes photographies mon regard sur cette ville.
Un portrait est une histoire. Elle est plus ou moins dure, triste, joyeuse et légère, mais toujours riche. Au travail !
Calcutta
C'est la capitale de l'État indien du Bengale-Occidental et la troisième agglomération du pays avec plus de 15 millions d'habitants. Le climat tropical de mousson entraine de fortes précipitations et de fortes chaleurs auxquelles s'ajoute une grande pollution atmosphérique (lien : Air Quality Index Kolkata).
Capitale des Indes britanniques de 1773 à 1913, la ville conserve encore aujourd'hui une trace de cet héritage colonial : le Victoria Memorial, la Cathédrale Saint-Paul mais encore les très nombreux immeubles à l'architecture anglo-saxonne néoclassique.
La croissance industrielle, principalement textile, de la ville est forte dès la fin du XIXème siècle et au cours du XXème la population passe de 100 000 à 15 millions d'habitants. Une véritable explosion démographique.
Aujourd'hui encore, bien que développée, la ville reste très marquée par la présence d'une extrême pauvreté. De nombreux bidonvilles s'étendent en divers endroits de la métropole. Les conditions de vie y sont parfois extrêmement difficiles et l'ascenseur social toujours inexistant.
J'ai eu la chance d'effectuer diverses missions et de voir beaucoup de choses en travaillant avec les Missionnaires de la Charité, une congrégation de soeurs chrétiennes créée en 1950 par Mère Teresa. J'ai passé sept mois dans le centre Daya Dan qui accueille des orphelins en situation de handicap. J'ai également travaillé à Nirmal Hriday (Kalighat) qui accueille des mourants en fin de vie ainsi que des patients en convalescence.
Aujourd'hui encore, plus de vingt ans après la mort de Mère Teresa, ces centres d'aide humanitaire continuent de transmettre son message d'amour et de paix.
Les conditions de vie à Calcutta sont extrêmement inégales et il n'est pas difficile de passer d'un extrême à un autre. Pauvreté et richesse se côtoient parfois de très près.
Les tragédies humaines sont ici visibles à l'oeil nu, crues et sans filtre ; en opposition avec le monde occidental où ces formes de pauvreté sont des tabous qui doivent être cachés.
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À travers mes photographies, je vous propose de me suivre dans cette aventure humaine et personnelle.
Je ne peux vous transmettre toutes mes émotions mais en tout cas essayer de les représenter au mieux en images.
Suivez-moi à la découverte de ces visages.
Regardez bien, les plus sombres sont parfois les plus lumineux.
Bon voyage.
Les indiens sont les champions du monde du regard coquin. Beaucoup de personnes viennent vous voir, le regard curieux et pétillant. Empli d'une curiosité débordante. Chose impossible à voir en Europe où nous sommes, d'une manière générale, assez distants des touristes.
Cette photo est douce, au moins autant que le regard tendre de cet homme. Les indiens n'hésitent pas à vous accorder une grande amitié après seulement quelques instants. Qui dit grande amitié, dit grande responsabilité.
Étonnante photo qui me laisse songeur. Où sommes nous ? À Calcutta où à Anvers en compagnie d'un docker ?
Prendre la photographie à la verticale donne l'occasion aux couleurs de son visage de se révéler pleinement. Ce qui rend encore plus communicatif son sourire.
Certains regards sont plus familiers que d'autres. Parfois, en photographiant un inconnu, il m'arrive de retrouver sur son visage les traits familiers d'un être cher.
L'Inde est un pays de commerce. Les magasins ne restent pas cloitrés dans des centres commerciaux climatisés, mais s'étalent partout où il y a de la place. Trottoirs, chaussées, charrettes, tout est bon tant qu'il y a du passage. Cet homme m'arrête et me demande fièrement de le prendre en photo devant son magasin. Une simple table bricolée avec des tréteaux.
Portrait de mon ami Père Vincent. Un matin dans le bus en direction du dispensaire de Daya Dan.
Toujours souriant, toujours aimant il n'est pourtant pas bien grand. Il est arrivé qu'il me voit ému à la fin d'une belle journée de volontariat auprès lui et ses frères. Il me consola sans même me demander pourquoi. Nul besoin de paroles, il avait compris.
Diplômes en poche et nez rouge en place.
Le maquille agit comme du plâtre et semble arrêter les visages dans le temps. Une seule émotion reste visible, celle du clown. Ainsi, c'est à travers ses yeux que l'on distingue encore les douces émotions de cette enfant. Ils ne font plus qu'un et dégagent, ensemble, une très grande beauté.
Peindre son visage n'est pas si simple que cela. Avez-vous déjà essayé ?
Drôle de sourcils pour un si petit bonhomme.
Mon ami Alessio, qui vient de Sardaigne, est un clown. Je l'accompagne l'après-midi dans une ONG qui s'occupe de diriger des activités d'ouverture pour les adolescents des bidonvilles. Une semaine très variée et riche en émotions qui mène, le dernier jour, à l'obtention de leur premier nez rouge. Un symbole fort qui implique de nouvelles responsabilités : apporter l'amour et la joie partout ou ils iront.
Les indiens ont une très forte connexion avec le Gange. Cependant, la pollution de l'eau atteint aujourd'hui des niveaux records et rien ou presque n'est fait pour améliorer la situation. De simples baignades peuvent être extrêmement nocives pour la santé. Les besoins en eau du Bengale-Occidentale étant croissants, c'est le Bangladesh qui, à certains moments de l'année, se retrouve presque sans eau et doit puiser dans ses sols dont l'eau est contaminée. Un cercle vicieux.
En Inde la rasage ne se passe pas à la maison, mais dans les rues. Ces dernières regorgent de milliers de divers petits magasins en tous genres dont des barbiers. De vrais artistes.
Royal Enfield fait la fierté des indiens de tout âges. Lancée au Royaume-Uni en 1901 la production s'arrêtera en 1970 et sera reprise en Inde ou la marque se développe très fortement. En 2014, la marque dépasse Harley-Davidson avec près de 303 000 unités vendues. Ces motos très populaires sont absolument partout sur les routes indiennes.
Sur cette photographie on peut voir deux enfants des rues scolarisés à l'école de Daya Dan. Ils sont ici en tenue de spectacle, prêts à représenter fièrement leur école devant la délégation du Vatican venue spécialement pour l'occasion. J'aime beaucoup le drap transparent de la jeune fille. Il donne des impressions de magie. En scène !
Cette photo parle beaucoup. La lumière, le mouvement des épaules de l'homme et le calme apparent en disent beaucoup sur l'ambiance qui règne la nuit à Calcutta.
Je ne suis pas un bien vieux photographe, mais c'est bien la première fois que je ressens un tel désir de la part des personnes d'être photographiés. Nous n'avons pas la même relation à l'image. En Inde être sur une photographie, se montrer et se mettre en scène dans des selfies est très bien vu. À tel point que le selfie tue. Selon une étude indienne entre 2011 et 2017, 259 personnes ont perdu la vie en se tirant le portrait.
Etonnante façon de porter sa couverture n'est-ce pas ?
Quoi de plus amusant qu'un sceau quand il fait presque votre taille ? On peut se cacher dedans, s'y perdre, le faire rouler et même y faire pipi. C'est quand même sympa la vie quand on est si petit mais déjà si grand.
La voie ferrée finit par m'amener à une gare. Je m'arrête un instant. "Qui est donc ce curieux inconnu ?". Ces deux femmes m'ont suivi un moment en rigolant et en se taquinant entre elles. J'ai finis par m'arrêter et leur emprunter un peu de cet instant.
La beauté en Inde est saisissante. Le contraste est si grand qu'elle en devient évidente. Toujours sincères, les sourires de Calcutta me bouleversent. Une fois de plus je me sens si petit.
Ce matin là la lumière était douce, l'atmosphère claire et un vent océanique très doux caressait la rivière. Un moment parfait pour photographier ces deux jeunes filles.
Prêt du pont de Howrah, sur les rives du large et tranquille fleuve Hooghly, vous trouverez l'immense marché au fleur. Il faut s'y rendre le matin de préférence autour de 7:00. Un spectacle incroyable vous y attend et vous rencontrerez peut-être d'aimable personnages comme cet homme qui m'offrit une rose en souriant.
Le marché couvert de "New Market" est un lieu absolument fascinant. Entre poulets, canards, chèvres, marres de sang et carcasses de bovins, il est dur de se frayer un chemin sans avoir la nausée. Mais quel spectacle ! Inauguré le premier janvier 1874 le marché continue d'approvisionner toute la ville aussi bien en tissus qu'en fruits et légumes.